Le djembé est un instrument de percussion africain réputé pour ses rythmes enflammés et son timbre riche qui sait envoûter les amateurs et les mélomanes du monde entier. Mais derrière la beauté musicale de cet instrument se cache une histoire riche qui s’étend sur plusieurs siècles et traversant différentes cultures et traditions. Dans cet article, nous allons explorer l’histoire passionnante des djembés.
Origines mystérieuses : les premiers indices
Les origines exactes du djembé restent incertaines, mais on pense généralement que cet instrument aurait vu le jour en Afrique de l’Ouest entre le XIe et le XVIe siècle. En effet, on peut observer dans plusieurs œuvres d’art africaines de cette époque comme des empreintes de mains gravées sur des fûts datant du XIIe siècle au Mali, des tambourineurs sculptés dans le bois ou encore des bas-reliefs en terre cuite représentant des individus jouant à des instruments similaires aux djembés que nous connaissons aujourd’hui.
Le peuple Mandingue : berceau du djembé ?
Il semblerait que le djembé ait été particulièrement présent au sein de la société des Mandigues, un ensemble ethnolinguistique composé notamment de Bambaras, Malinkés et Dioulas, étalée sur plusieurs pays actuels dont le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Le djembé aurait alors été principalement utilisé pour accompagner les chants des griots, ces conteurs et musiciens ambulants qui étaient chargés de préserver et diffuser la mémoire historique et culturelle de leur peuple.
Matériau et fabrication : savoir-faire séculaire
Le djembé est constitué d’un fût de bois monobloc évidé et recouvert d’une peau animale tendue grâce à un système de cordes assurant la tension nécessaire. Le choix du bois et de la peau ainsi que la technique de sculpture témoignent d’un savoir-faire traditionnel transmis de génération en génération parmi les fabricants africains.
Le bois utilisé
La qualité du son d’un djembé dépend en grande partie du type de bois utilisé pour sa fabrication. On trouve généralement deux catégories principales :
- Les bois durs : ils offrent une meilleure résonance et une durabilité accrue. Les essences de prédilection sont le Leky (aussi appelé Khadi) au Sénégal, le Lingue au Mali ou encore l’aciéré en Guinée.
- Les bois mous : ils permettent une taille plus facile mais se fissurent assez rapidement et ont une sonorité moins appréciée. Les exemples courants incluent le Cedrelo ou le Fraké.
Le travail du cuir
La peau utilisée pour la touche supérieure du djembé provient généralement de chèvres ou de bovins et est préparée selon un processus traditionnel. Cette étape consiste d’abord à enlever les poils, puis à nettoyer et lisser la membrane qui sera par la suite fixée sur le fût de bois grâce au système de tension.
Technique de jeu et rythmes
Le djembé se joue assis ou debout en maintenant l’instrument entre les genoux. La main droite produit les sonorités aiguës en frappant près du bord, tandis que la main gauche crée les tonalités graves en tapant au centre de la peau. Le secret d’un bon jeu réside dans la souplesse et la précision des mouvements afin de créer une variété de timbres et d’intensités.
Rythmes traditionnels
Les rythmes du djembé sont imprégnés des traditions musicales locales. Certains d’entre eux ont été préservés pendant des siècles, comme le Kuku originaire de Guinée, le Sunun ou encore le Mendiani. Chaque rythme véhicule une histoire, une émotion et reflète les coutumes culturelles de ses créateurs.
L’expansion internationale du djembé
À partir des années 1940, le phénomène de décolonisation acompanhé d’un intérêt croissant pour les musiques du monde ont permis au djembé de sortir des frontières africaines et d’être découvert par un public international.
L’impact des Ballets Africains
Les Ballets Africains, fondés en 1952 assurent depuis leurs débuts la promotion du djembé et des autres percussions africaines à travers le monde. Cette compagnie de danse et de musique guinéenne fut une des premières formations artistiques à assimiler et faire connaître l’héritage culturel africain auprès d’un public occidental.
La transformation en instrument de musique moderne
Aujourd’hui, le djembé est souvent fabriqué dans des matériaux modernes tels que les fibres synthétiques ou plastique et peut ainsi être aisément acccordé grâce à des dispositifs mécaniques. Ces innovations favorisent sa diffusion dans le monde entier, même si les puristes continuent de préférer les instruments conçus selon les méthodes traditionnelles.
En définitive, l’histoire fascinante des djembés témoigne non seulement de leur passé profondément ancré dans la culture africaine, mais également de leur résilience et de leur capacité d’adaptation face aux influences extérieures. Ce long périple a permis au djembé de s’imposer comme un instrument de percussion incontournable, qui continue d’enchanter les mélomanes du monde entier par sa puissance rythmique et son expressivité sans pareille.